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Les Tieuville, Pierrepont et la descendance en ligne féminine des Pierrepont.

Famille de Thieuville.

La recherche de noblesse de d’Aligre (1634) nous renseigne sur la nouvelle lignée des seigneurs du Parc,

les Thieuville dont les armes sont « d’argent à deux bandes de gueules cotoyées de sept coquilles de même posées deux, trois et deux » (1) :

«437. Jacques de Thieuville, escuyer, sieur du Parc, de la paroisse de Saint-Lô d’ourville, élection de Valognes, fils Charles, fils Gilles, fils Guillaume, fils Nicolas de Thieuville, escuyer, sieur du Parc, arrest de la Cour des Aydes du 17ième juin 1606 avec le procureur général par lequel ledit Jacques est maintenu en sa qualité de noble, jouira ». 

Nous ne savons rien de Nicolas, Guillaume et Gilles de Thieuville sinon qu’ils ont été, selon déclaration ci-dessus, seigneurs du parc. 

Les archives du Dicq de Portbail, conservées dans le chartrier du château de Sainte-Suzanne-en-Bauptois, éclairent d’un jour curieux la personnalité de Charles de Thieuville (…1576-1599…) :

Les sieurs du Dicq (Pierre du Castel) du Parc d’Ourville (Charles de Thieuville), « gentz d’armes seigneuriaulz, craintz et redoutés et en armes et en loix, apparentés aux juges du pays et usant de leur autorité », extorquèrent sous la menace de Nicolas de Clamorgan, seigneur de Saint-Georges-de-la-Rivière, homme « viel et décrépit, agé de 80 ans et plus, sur le bord de la fosse, qui le rendoit plus aise à intimider », deux contrats par lesquels il reconnaissait leur abandonner 20 vergers des meilleurs terres asséchées de la mare Saint-Georges ainsi que le droit de gravage et de mielles.

D’autre part, les « pauvres habitants de ce village de Saint-Georges », qui avaient perdu l’usage des mielles pour faire pâturer leurs bêtes, renoncèrent, par crainte des sieurs du Dicq et du Parc.

Le 30 Août 1582, Nicolas de Clamorgan adressa une supplique au parlement. Le roi, en son conseil privé, accorda la Mare Saint-Georges, les droits de gravage et de mielle à leurs légitimes propriétaires : Nicolas de Clamorgan et son fils Nicolas. 

Charles de Thieuville eu deux fils : Jean, probablement l’aîné, et Jacques qui produisit sa généalogie lors de la recherche de noblesse de 1634.

En 1602, Jean de Thieuville était décédé car Jacques de Thieuville fait aveu pour le fief du Parc au roi comme tuteur de la fille de Jean de Thieuville. 

Le 11 février 1613, Jacques de Thieuville, écuyer, sieur du parc, rendit aveu pour le fief du Parc qu’il tenait du roi sous la châtellenie et vicomté de Valognes (2). Il avait épousé Marie Le Lièvre.

L’état de la noblesse de 1640 nous renseigne en ces termes sur le seigneur du Parc :

« Jacques de Thieuville, escuyer, sur du Parc. Homme vieil, a ung filz propre à servir, riche de 3000 livres tournois de rente ».

Ce fils propre à servir (dans les armées royales) était Guillaume Alexandre de Thieuville qui, en 1646, était sieur d’Ourville à cause de son fief du Parc.

Guillaume Alexandre de Thieuville décéda probablement sans postérité car le mariage, en 1626, de Marie de Thieuville, fille de Jacques, avec François de Pierrepont fit passer le Parc dans cette famille.

 

 

(1) ces armes figurent dans la chapelle du Parc. Elles figuraient sculptées sur une pierre en calcaire d’Yvetot Bocage abandonnée dans les ronciers entre le logis et le pressoir. Elle a disparu avant l’arrivée de le famille Giard au Parc (1999)

(2) voir en annexe

 

Famille de Pierrepont.

Guillaume Alexandre de Thieuville décéda probablement sans postérité car le mariage, en 1626, de Marie de Thieuville, fille de Jacques, avec François de Pierrepont fit passer le Parc dans cette famille qui avait pour arme 

« d’azur à 3 pals d’or (3) au chef de gueules ».François de Pierrepont, fils de Jacques de Pierrepont, sieur de Pierrepont, Ecaulleville et de la Motte, et de Jeanne Jouhan, est cité dans la recherche de noblesse de d’Aligre (1634).

recherche de noblesse de d’Aligre (1634) :

« 343. François de Pierrepont, sieur du lieu, de la paroisse de Saint-nicolas de pierrepont, fils Jacques, fils Guillaume, fils Jean, fils autre Jean, fils Robert, fils Jean de Pierrepont ».

Il est également cité dans l’état de noblesse de 1640 :

« François de Pierrepont, frère (4) du sieur de Baudreville (5) ; homme qui peut servir, riche de 3000 livres tournois de rente"


du mariage de François de Pierrepont et Marie de Thieuville, sont issus :

1. Robert de Pierrepont, seigneur de Baudreville, lieutenant des gardes du corps et gouverneur de l’île de Ré, qui épousa Anne d’Héricy, décédée à Creullet (Creully, Calvados) le 19 avril 1675. Il décéda en 1681 à Baudreville, sans postérité.

2. Jacques Alexandre de Pierrepont, qui suit.

3. François-Jacques de Pierrepont (vers 1648-1712), chevalier, bachelier de Sorbonne, seigneur et patron de Beauchamps, du Mesnil Rogues, Pierrepont, la Gaselière et Ecaulleviller. Il résidait habituellement au Mesnil-Rogues et avait épousé Claire d’Astorg de la Perrère. Il mourut sans postérité en laissant ses biens à ses neveux (6)


Jacques Alexandre de Pierrepont, chevalier, châtelain du Parc d’Ourville et sieur d’Ourville (7), né vers 1640, mort en 1697. En 1679, il demeurait à Saint-Nicolas de Pierrepont.

En décembre 1687, il obtient « la constitution du plein fief de haubert de Baudreville par la réunion des fiefs du Parc d’Ourville, de Vesly (à Saint-Lô d’Ourville), de l’Hommée (à Canville) et de Baudreville ». A notre avis, cette réunion de fiefs (prélude à une érection en terre de dignité qui n’a jamais eu lieu) doit coïncider avec l’achèvement du château de Baudreville (dont il ne reste aujourd’hui que les douves et un portail d’entrée fin XVIIème siècle) ; elle semble d’ailleurs avoir été provisoire puisque ses enfants se partageront les éléments de ce fief le 3 octobre 1699 (8)

D’après d’autres sources (9), c’est en 1695 que le roi accorda des « lettres d’union des fiefs de Baudreville, du Parc d’Ourville, Vesly et l’Homme, terre et moulins y contenus, pour composer à l’avenir qu’une seule et même terre sous la dénomination de Terre de Pierrepont ».

Jacques Alexandre de Pierrepont épousa Catherine du Fay, fille de Gilles du Fay, sieur de Fergetot, Graimbouville, Prétot, la Brière et Boisjourdain (1614-1666) chevalier de Malte et maréchal de Bataille dans l’armée de Malte, maître de camp d’un régiment d’infanterie en 1637, et de Madeleine de Fouilleuse (10).

Les armes de la famille du Fay sont : « de gueules à la croix d’argent contournée de quatre molettes du même ».

Jacques Alexandre de Pierrepont décéda peu avant le 24 février 1697. Le 3 octobre 1699, ses héritiers se partagèrent ses biens. (11). Sa veuve, Catherine du Fay, obtint « pour ses soins et usufruit tant à droit de douaire que d’acquest et conquest suivant la coutume… le fief noble et seigneurie du Parc » avec manoir, colombier, moulin banal et chapelle.

Catherine du Fay vint habiter au manoir du Parc qu’elle loua à des fermiers (12) et décéda entre le 11 octobre 1710 et le 3 juillet 1711 (13).


Du mariage de Jacques Alexandre de Pierrepont et Catherine du Fay sont nés cinq enfants, quatre fils morts sans postérités et une fille :

  1. Robert de Pierrepont, « marquis de Pierrepont », seul de sa famille à prendre ce titre, baron haut-justicier de Lieurey (Eure) du chef de sa mère (14), seigneur et patron de Saint-Nicolas de Pierrepont, Baudreville, Ourville, Beauchamps, Vesly (à Saint-Lô d’Ourville), enseigne aux gardes françaises (1697-1699), demeurant au château de Baudreville.
     

Il se maria deux fois (15) :

-  Le 2 juin 1729, avec Anne-Victoire de Saint-Chamans, fille de François, marquis de Méry (en Limousin) et de Bonne de Chastelus, décédée le 15 mai 1734.

-  Le 20 mars 1738, avec Angélique Marie de Surirey de Saint-Rémy, fille de Michel, trésorier général des Ponts et Chaussées de France, et de Marie-Louise Vacheret.

Il décéda après 1751, sans postérité.

 

2. François Jacques, sieur de l’Hommée (l’Hommey)

Le 8 juillet 1706, les membres de la famille réunis « à la présence et réquisition » de Robert, marquis de Pierrepont, Ourville, Baudreville, et de Charles de Pierrepont, « en conséquence de la sentence rendue au siège du baillage de Valognes en mars dernier par laquelle a été ordonné, en conséquence des faiblesses dans lesquelles ledit seigneur de l’Hommey est retombé, que ses parents paternels et maternels sont appelés à délibérer sur la curatelle dans laquelles il a été mis provisoirement en conséquence d’une sentence rendue au baillage de Valognes, le 6 juillet dernier » nommèrent curateur principal Charles de Pierrepont et pour curateur actionnaire le seigneur marquis de Pierrepont aîné.

Le sieur de L’Hommée fut conduit « chez les pères de la Charité de Pontorson » (16).


3. Jean-Louis, chevalier, capitaine au régiment Royal-Comtois, mort avant 1697.

4. Charles, chevalier non profès de Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre de Malte), seigneur du fief de Pirou sis aux paroisses de Neufmesnil, Varanguebec et Bolleville. En 1706, il demeurait à Valognes et ,en 1711, au château de Beauchamps, chez son oncle, François-Jacques, seigneur de Beauchamps et du Mesnil-Rogues.

5. Catherine Thérèse

Voir page suivante pour cette dernière.


 

(3) 7 bandes verticales or et azur

(4) livre cousin

(5) Jean de Pierrepont qui avait épousé, en 1619, Louise de Franquetot, fille d’Antoine, président au parlement de Rouen. Il est constructeur présumé de s châteaux de Baudreville et du Mesnil-Rogues, aujourd’hui pratiquement disparus.

(6) Une recherche de noblesse, officieuse et inédite, de l’élection de Valognes (1679-1685) mentionne  « François Jacques de Pierrepont, prêtre, dit « l’abbé de Pierrepont, frère du sieur d’Ourville. Mention vraisemblablement erronée (homonyme avec le n°3)

(7) qualifié du titre de « sieur d’Ourville » en 1666 (ce millésime est lisible sur une poutre du grand logis du parc d’Ourville).

(8) société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche : Mélanges, 13ème série, 1984, p.71.

(9) J.M. Renault, Notes historiques et archéologiques sur les communes de l’arrondissement de Valognes, canton de Barneville, Annuaire de la Manche, 1868 (notice sur Ourville, pp. 35-36) et Mémoires de la société des Antiquaires de Basse Normandie, t. XVIII, p.220.

(10) H de Frondeville, Les présidents du Parlement de Normandie, Société de l’Histoire de Normandie, 1953.

(11) Archives départementales de la Manche (5E11952), voir en annexe

(12) voir en annexe les baux de 1703 et 1710

(13) la perte de l’état civil ancien de Saint-Lô d’Ourville ne permet pas de préciser.

(14) Catherine du Fay était la sœur de Jean-François du Fay, marquis de Vergetot et seigneur de Lieurey, marié sans postérité avec Louise Bernardine Gigault de Bellefonds, fille du maréchal Bernardin de Bellefonds

(15) La Chesnaye-desbois, Dictionnaire de la noblesse, tome 15, colonne 848.

(16) L’hôpital Saint-Antoine de la Charité de Pontorson avait été fondé le 3 février 1115 par les bourgeois de cette ville. Depuis 1644, il était tenu par les frères de l’ordre de Saint-Jean de Dieu, et ce jusqu’en 1792. Dés l’année 1700, l’hôpital reçu des « pensionnaires », fous ou insensés mais surtout « correctionnaires » (internés pour « dérangement de conduite »).

Sur cet établissement, voir H. Avisseau-Roussat, l’Hôpital Saint-Antoine de la Charité de Pontorson (1644-1792), Revue de la Manche, fasc. 22 et 23, 1964.

Famille de Thère.

Catherine Thérèse de Pierrepont fut élevée au Mesnil-Rogues, chez son oncle François Jacques de Pierrepont. Elle épousa Jean Antoine de Thère, chevalier, comte de Thère, seigneur d’Esglandes, Saint-Pierre d’Arthay, fils de feu noble seigneur Gédéon de Thère, vivant chevalier, « seigneur desdites terres », et de noble dame Renée Clérel de Rampan (17)

Le contrat de mariage fut passé le 4 juillet 1711 par devant Me Jean Birette, notaire royal en la vicomté de Valognes pour le siège de Sortosville-en-Beaumont

La dot de la future épouse était de 45000 livres dont 30000 livres données par Robert, marquis de Pierrepont (25200 livres) et Charles de Pierrepont (4800 livres), ses frères qui, pour assurer l’équivalent de cette somme, cédèrent aux futurs époux le fief de Vesly (à Ourville), la terre de Gennetot (à Ourville et Gouey), les moulins d’Ourville et plusieurs pièces de terre sises à Ourville (succession de leur père et mère).

François Jacques de Pierrepont, oncle de la future épouse, « seigneur et patron et chastelain de Beauchamp, Mesnil-Rogue, Eculleville, Folligny, La Gaselière et autres lieux… pour la bonne amitié qu’il a pour ladite damoiselle de Pierrepont et en faveur de son mariage avec ledit seigneur d’Esglandes », lui donna 200 livres de rente raquitable pour 4000 livres « à prendre sur tout les biens dudit seigneur donateur et spiécialement sur la terre d’Ecauleville située dans la paroisse de Saint-Nicolas de Pierrepont ». Cette rente devait prendre effet à partir du jour du décès du donateur et de son épouse.

Le mariage fut célébré le 8 juillet 1711, en la chapelle du Parc d’Ourville. De ce mariage sont issus :

  1. Michel Antoine de Thère, mort jeune.


2. Charles François de Thère, né vers 1715, décédé à Valognes le 2 octobre 1764, par son père comte de Thère, seigneur et patron d’Esglandes, Saint Pierre d’Arthenay et Eroudeville ; par sa mère seigneur de Baudreville, Le Parc, Ourville, Saint-Nicolas de Pierrepont, Ecaulleville, Beauchamp et Mesnil-Rogues ; Il  épousa, le 21 mars 1732, Marie Marguerite Rose de Harcourt, fille Guillaume de Harcourt (1674-1745), capitaine des vaisseaux du roi et gouverneur du château de Saint-Sauveur–le-Vicomte, baron d’Olonde, seigneur et patron de Saint-Maurice en Cotentin et du Valdecie, et de Marie-Anne-Rose Poërier de Taillepied (18).    D’où :

  1. Rose Guillemette (alias Guillemine) Thérèse de Thère, qui suit page suivante.

    2. Charlotte Rose Françoise de Thère, dame de Thère, Desglandes et Eroudeville (née en 1736) épousa en 1758, à Thère, Jacques-Adrien-Henry Dambray, écuyer, seigneur de Montigny (né en 1723, mort avant 1774), lieutenant des vaisseaux du roi. Postérité :

  1. Marie-Rose-Jacqueline, née en 1739.

 

 

(17) Jean Antoine de Thère était veuf de Barbe d’Anneville de Chiffrevast. Il mourut entre 1726 et 1728 au château de Thère.

(18)  Melle d'Harcourt était, en 1730 , pensionnaire chez les Visitandines de Caen. Elle apporta 60000 livres en dot à son mariage.

 

Famille d'Osmond-Médavy

Rose Guillemette Thérèse de Thère (née en 1733, inhumée dans l ‘église de Valognes le 31 janvier 1767), dame de Baudreville, Ourville, du Parc, Saint-Nicolas de Pierrepont, Ecaulleville, Pirou, Beauchamps et Mesnil-Rogues, épousa à Valognes, le 5 juillet 1756, haut et puissant seigneur Barnabé-Louis-Gabriel d’Osmond-Médavy, originaire de Saint-Gervais au diocèse de Sées, chambellan de SAR Mgr le duc d’Orléans, fils de Messire Eustache comte d’Osmond et de Marie Louise de Pardieu. Il fut présenté au roi par le duc d’Orléans le 7 juillet 1763 à Versailles.

Du mariage de Rose Guillemette de Thère et de Banabé-Louis-Gabriel d’Osmond Médavy sont issus :

1. Anne-Eustache-Charlotte-Rose d’Osmond-Médavy, qui suit page suivante.

2. Charlotte Rose Jacqueline d’Osmond (née en 1764, décédée en Suisse entre septembre 1792 et le 6 novembre 1793) époux (contrat du 2 avril 1780) Christophe-Joseph de Malbec de Montjoc de Briges (1761-1795), d’où postérité de Briges, Lecourtois de Sainte-Colombe, de la Gonnivière et Doynel de la Sausserie (19).

 

 

(19)  voir, à ce sujet, Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche. Mélanges 13ième série, 1984, pp74-76.

Famille de Mauconvenat de Sainte-Suzanne.

Anne-Eustache-Charlotte-Rose d’Osmond, dame de Saint-Nicolas-de-Pierrepont, Ecaulleville, Ourville, Le Parc, ect, baptisée à Valognes le 4 juin 1757, décédée le 20 août 1813, au château de la Bretonnière, à Golleville épousa Adolphe-Charles de Mauconvenant, chevalier, marquis de Sainte-Suzanne, fils de René-Jacques-François Bonaventure de Mauconvenant, écuyer, sieur de Peseville, seigneur et patron de Sainte-Suzanne, et de Marthe Bonaventure Helloin, né et baptisé à Sainte-Suzanne le 12 juillet 1743, décédé à Valognes le 7 octobre 1829, qui fut le dernier seigneur du Parc d’Ourville.

Leur fils unique, Louis Adolphe, baptisé à Valognes le 2 janvier 1780, y décéda le 23 janvier suivant.

Elle décéda à Golleville le 20 août 1813 et fut inhumée dans le cimetière de cette commune au nord de l’église où son tombeau existe encore aujourd’hui.

Le dernier seigneur du Parc d’Ourville, Adolphe-Charles de Mauconvenant, marquis de Sainte-Suzanne embrassa la carrière militaire. Il débuta le 6 juillet 1756 comme enseigne au Royal régiment des vaisseaux. Il fut nommé lieutenant le 11 septembre 1758 après l’affaire de Saint-Cast (20). En janvier 1761, il passa au régiment lieutenant-colonel de dragons dont il devint l’un des premiers capitaines en 1771. Il prit sa retraite en 1774 avec le brevet de colonel et fut décoré de la croix de chevalier de Saint-Louis en 1775.

Partisan des idées nouvelles, il fut élu maire de Golleville en 1790, mais, devant la tournure que prenait les événements, il abandonna la charge de maire et reprit du service en 1792 dans le « Corps à cheval de la province de Normandie » (Armée des Princes), passa à Jersey en 1793, devint officier au régiment à « Cocarde Blanche et du dresnay ». En 1798, il fut nommé au grade de maréchal de Camp (21).

Etant épouse d’émigré, Anne-Eustache-Charlotte-Rose d’Osmond-Médavy fut arrêtée sur ordre de le Carpentier (22) en vertu de la loi des suspects, le 24 thermidor an II (11 août 1794) et elle divorça pour éviter la confiscation de ses biens au profit de la Nation.

Le 4 brumaire an VII (25 octobre 1798) par devant Me Langlois, notaire à Valognes, elle vendit sa propriété du Parc d’Ourville à Jean-François Coquoin, domicilié à Bricquebec, pour le prix de 40000 francs et vingt pots de froment (23).

La tourmente révolutionnaire passée, les deux anciens époux se présentèrent devant le maire de Golleville, le 11 prairial an X (31 mai 1802) qui procéda à un remariage, un nouveau contrat de mariage ayant été passé devant Me Mauger, notaire à Saint-Sauveur–le-Vicomte, le 7 prairial an X.

Devenu veuf (Anne-Eustache-Charlotte-Rose d’Osmond-Médavy était décédée le 20 août 1813 à Golleville), le marquis de Sainte-Suzanne épousa en seconde noces, le 26 septembre 1814, Angélique-Jeanne de Montmort de Beaurains (1785-1841) veuve de Louis-Bon-Jean de la Couldre de la Bretonnière (24)

Après la chute de Napoléon 1ier, il fut l’un des premiers à prêter serment de fidélité aux Bourbon et, après l’assassinat du Duc de Berry (1820), il adressa au président du conseil des ministres une lettre le priant « de mettre aux pieds du Roi et des Princes de sa famille, l’expression de sa juste indignation, de la profonde douleur que nous inspire cet abominable forfait… »

Il possédait une belle fortune et lui ont appartenu :

- Le château de la Bretonnière à Golleville, acquis pour 160 000 livres, en 1778, Bernard René Jourdan, marquis de Launay, gouverneur de la Bastille.

- De 1782 à 1786, l’Hôtel Fouquet de Réville (depuis Hôtel du Campgrain ou de la Moissonnière), acquis le 12 juin 1782 de Paul-Hyacinthe-Charles de la Houssaye, marquis d’Ourville pour 23300 livres. Cet hôtel, qui était situé place des capucins à Valognes, a été totalement détruit en 1944.

- En 1786, l’Hôtel Viel de Gramont (ou Gigault d’Hainneville ou de Sainte-Suzanne) par échange de son hôtel de la place des Capucins avec Louis-Bernardin Jacques Gigault de Bellefonds (13 février 1786). Cet hôtel, situé 107-109 rue des Religieuses, a échappé aux destructions de 1944.

Enfin, toujours à Valognes, l’Hôtel de Cussy, ou de la Bretonnière, porte également le nom d’Hôtel de Sainte Suzanne. Il a appartenu à Louis-Bon-Jean de La Couldre de La Bretonnière, dont la veuve, Angélique-Jeanne de Montmort de Beaurains, épousa en deuxième noces Adolphe-Charles de Mauconvenant de Sainte-Suzanne (26 septembre 1814).

 

 

(20) Le 11 septembre 1758, les troupes françaises commandées parle Duc d’Aiguillon, repoussèrent la tentative de débarquement des anglais commandés par l’amiral Howe. L’objectif  de ce débarquement était vraisemblablement le prise de Saint-Malo. (guerre de Sept-Ans).

(21) équivalent de l’actuel grade de général de Brigade.

(22) Jean-Baptiste Lecarpentier (1759-1829), député de la Manche à la Convention (1792), représentant du peuple en mission dans la Manche (1793-1794).

(23) A.D. Manche, notariat de Valognes, 5 E15 112.

(24) auteur du projet d’aménagement de la rade de Cherbourg (1778).

 

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